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Immobile, elle était jaune comme la cire.
L’enfant avait perdu son teint, son doux sourire,
Car le lait de la mère était presque tari.
Du berceau tous les jours sortait un faible cri.
Et ce désert, — à toi (ta famille est vivante)
Il te semble tout autre et son aspect t’enchante,
Tu le trouve doré, joyeux, ensoleillé ; —
Pour moi, c’est un enfer ténébreux et souillé.
A travers ce désert, sur ces sables arides,
J’ai vu de mes enfants traîner les corps livides :
Là-bas, quand sur les rocs la mer vient déferler,
Toi tu l’entends gronder, moi je l’entends hurler ;
Et lorsque dans son lit tranquille elle demeure,
Tu dis qu’elle murmure, et je dis qu’elle pleure.
Le soir, quand le soleil baissait à l’horizon,
J’entendais le muezzin chanter son oraison.
On eût dit qu’il avait pitié de ma misère,
Car c’était d’une voix plus triste et moins sévère
Qu’il proclamait, du haut d’un tertre sablonneux,
La puissance d’Allah devant un malheureux !
Sois loué ! Dieu du ciel I ô bienfaiteur du monde !
Les villes s’écroulant dans la flamme qui gronde,
Le tremblement de terre écrasant les cités,
La peste qui ravit de ses coups répétés