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Portant son nourrisson, préparait le repas.
Tout cela maintenant, tout cela dort là-bas,
Sous ce tombeau du Scheikh, dont la voûte riante
Reflète du soleil la lumière brillante.
Et moi je m’en reviens seul, hélas ! cette fois,
Après avoir vécu trois siècles en trois mois,
Depuis qu’en ce désert, qu’à jamais je déteste,
Sous ma tente apparut l’ange noir de la peste.

Oh ! personne ne peut comprendre la douleur
Qu’à l’heure du départ je renferme en mon cœur.
Je vais sur le Liban regagner mon village ;
Dans ma cour aussitôt mon oranger sauvage
Demandera : « Vieillard, où. donc sont tes enfants ? »
Dans ma cour, quand les fleurs que soignaient les doigts blancs
De mes filles diront : « Tes filles, où sont-elles ? »
Quand les nuages bleus, en agitant leurs ailes,
Me redemanderont et ma femme et mes fils,
Et mes enfants, qui tous, oui tous ensevelis,
Dorment avec le Scheikh sous l’affreuse coupole ;
Quand j’entendrai l’écho m’adresser la parole,
Quand les hommes viendront s’informer de mon sort,
Comment trouver des mots pour raconter leur mort ?