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Oh ! tous les sentiments dans leur essor contraire
Tombèrent sur mon cœur comme un vol d’oiseaux blancs
Pour y boire mes pleurs, s’y baigner, et, tremblants,
Déployer dans l’azur la blancheur de leur aile.
Alors elle appela moi-même et la nacelle,
La barque l’entendit, la vit, et d’un vol sûr
Accourut à ses pieds du milieu de l’azur.


VI

Adossée aux rochers et de bois couronnée,
S’élève, de lueurs et d’ombre environnée,
La chapelle de Tell. Le seuil est sur les flots
Où la première fois nous trouvâmes des mots
Pour dire de nos cœurs la passion profonde.
Au pied du seuil il est des taches sur cette onde :
C’est l’ombre des sapins balancés dans les cieux ;
C’est l’ombre des rochers. Là, nous parlant tous deux,
Nous fixions nos regards sur le miroir liquide :
Au pied du seuil, le flot est si prompt, si rapide,
Le flot est si folâtre et ses remous si vains,
Qu’il avait mollement pris notre double image
Et qu’il nous rapprochait, nous joignant par les mains,
Bien que nous ne fussions joints que par le langage.