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Car elle était semblable aux célestes Ondines,
Elle avait à son char des cygnes, des dauphins,
Et dans le fond des eaux des palais cristallins,
Et dans la sombre nuit une blanche auréole,
Et j’avais suspendu ma vie à sa parole.


V

« Ah ! si ce n’était pas une fille du ciel ! »
Murmurai-je tout bas un jour, une heure entière,
Mais je m’en confessai plus tard, dans ma prière
Écoutez-moi. — Devant la chapelle de Tell,
Tout d’un coup sur la rive elle bondit joyeuse
Et me cria « Je t’aime » et la capricieuse
Aussitôt repoussa bien loin sur les flots bleus
De son sein palpitant ma nacelle sans rame.
  Alors, oh ! je ne sais ce que devint mon âme !
Les anges m’avaient-ils emporté dans les deux ?
Le lac m’entraînait-il au fond de ses empires ?
Mon sein éclatait-il de célestes sourires ?
Mon cœur se fondait-il comme la glace au feu ?
Mon âme volait-elle au plus haut du ciel bleu ?
Un ange avait-il fait d’elle son sanctuaire ?
Était-elle remplie ou d’ombre ou de lumière ?