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Fit une rose aussi de son visage blanc.
  Et l’âme est, croyez-moi, cent fois moins éblouie
Lorsque l’on voit rougir la fleur épanouie ;
Et moins ravi cent fois est l’œil du voyageur,
Quand le soleil revêt d’une douce rougeur,
De la vierge des monts le front pâle et songeur,
Qu’en voyant l’incarnat sans honte et sans délire
Qui sur son blanc visage était né d’un sourire.


IV

Dès lors nous fûmes seuls et nous fûmes heureux :
Ensemble nous voguions sur l’azur des lacs bleus.
Sans nacelle, je crois, il nous portait tous deux.
Car je vivais déjà d’une vie inconnue,
Je marchais sur les eaux, je volais dans la nue
Elle me conduisait partout à ses côtés.
Je la voyais semblable aux cygnes argentés,
Et des lacs azurés je la nommais la reine.
  La barque dans son vol suivait sa souveraine,
Puis venait un sillon lumineux de saphir,
Derrière ce sillon, formant de folles rondes,
Les poissons se jetaient sur elle hors des ondes,
Et nous voguions ainsi sur l’aile du zéphyr,
Souriant dans l’azur des régions divines.