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Ensuite lève-toi, gigantesque statue,
Et du limon du Styx dresse tes membres nus,
Dans la sainte impudeur de ta forme nouvelle,
Désormais insensible à la honte — immortelle !


XVIII

Vers le Septentrion que du tombeau s’élance
Une nation libre, et qu’on tremble en voyant
Qu’à l’épreuve du feu, cette statue immense
Est faite d’un seul bloc, que son front effrayant
Est couronné d’éclairs, que son regard défie
La mort, que son visage a l’éclat de la vie.


XIX

Mais non, ô ma Pologne ! On t’abuse, on te vante.
Tu fus le paon jadis, tu fus le perroquet
Des peuples, maintenant te voilà leur servante.
Entends ce cri d’effroi de mon cœur inquiet !
Oh ! je te parle ainsi sans crainte de blasphème,
Car hélas ! je suis triste et coupable moi-même.


XX

Maudis-moi !… Mais mon âme, Euménide irritée,
Saura te flageller de son fouet moqueur.