Page:Gasztowtt - Le Poète polonais Jules Slowacki, 1881.djvu/106

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ces héros me parlaient, et, pour mieux me confondre,
Me demandaient en face : « Et combien étiez-vous ? »
Laissons les deux mille ans passés sur leur martyre.
S’ils demandaient cela, que pourrais-je leur dire ?


XV

Aux Thermopyles, est-ce en costume écarlate,
En ceinture aux plis d’or que gît Léonidas ?
N’est-il pas là tout nu, le corps du Spartiate,
Nu comme un immortel sculpté par Phidias ?
Et le peuple longtemps pleura sur cette tombe
Et l’encens et la coupe et la triple hécatombe.


XVI

Mais toi, Pologne, tant que ton âme céleste
Demeurera captive aux lambeaux du passé,
De ton corps le bourreau hachera ce qui reste
Et se rira des coups de ton glaive émoussé ;
Ton corps aura sur lui la hyène carnassière,
Et la bière, et les yeux ouverts dans cette bière.


XVII

Rejette à tout jamais ce venin qui te tue ;
Déchire et jette au vent ta robe de Nessus ;