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Lui faire sous mes doigts pleurer en sons funèbres
L’immense vanité des tombeaux, le néant
Silencieux des morts…. Dans ma main palpitante,
Sans gémir, cette corde éclata — frémissante.


IX

Ainsi c’est mon destin : évoquer des fantômes,
Chercher partout sans but d’éphémères douleurs.
C’est mon destin : rêver je ne sais quels royaumes,
Avoir toujours un luth muet, des auditeurs
Ou sourds, ou morts. Assez…. oh ! j’en pleure de rage,
A cheval ! Du soleil, du bruit, un vent d’orage !


X

A cheval ! à cheval ! Parmi ces lauriers roses
Coulant seuls dans le lit desséché du torrent,
L’œil en pleurs, méprisant les hommes et les choses,
Comme un damné poussé par l’éclair et le vent,
Je vole. Oh ! mon cheval, va ; fends l’air, et ne tombe
Que si de guerriers morts ton pied heurte la tombe.


XI

Aux Thermopyles ?… Non. Non, c’est à Chéronée
Que nous devons aller tomber, ô mon cheval !