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démontrer que toutes les classes de la société étaient largement représentées au régiment ; la noblesse d’extraction ne donne pas toujours la noblesse des sentiments, et la foi règne dans tous les rangs de la nation française. On a ajouté qu’ils étaient tous légitimistes. N’est-il pas intéressant d’établir sur ce point la vérité historique ? Qu’il nous soit permis de la faire avec la conviction de défier toute critique.

C’est évidemment l’amour passionné de l’Église de Jésus-Christ qui nous a « tous » conduits à Rome ; mais il n’en est pas moins vrai que lorsque Mgr de Mérode[1] et son illustre collaborateur, le général de La Moricière, convièrent les catholiques du monde entier à la défense du pouvoir temporel, en France, ce furent en immense majorité des royalistes qui répondirent à leur appel et qui, de 1860 à 1870, renforcèrent dans les rangs des Zouaves Pontificaux l’élément français.

Pouvait-il d’ailleurs en être autrement ? L’auguste successeur de saint Pierre ne représentait-il pas la légitimité du droit dans sa plus haute acception. Certes aux partisans de la monarchie très chrétienne, alors personnifiée par le comte de Chambord, se joignirent, dès la première heure, des catholiques français, qui avaient un autre idéal politique et qui ne le cédaient à quiconque soit en valeur, soit en dévouement. Combien d’entre eux, lentement mais sûrement, logiquement en un mot, devinrent les partisans convaincus du droit, aussi bien en France qu’à Rome ?

Il est inutile d’insister : les faits parlent d’eux-mêmes, et ce sera

  1. Qui de nous a oublié cette anecdote très suggestive ? Un jour, le général de Goyon, commandant en chef le corps d’occupation français à Rome, chargé d’adresser des représentations au gouvernement pontifical de la part du gouvernement impérial, reprochait à Mgr de Mérode de ne recevoir au Bataillon des Zouaves Pontificaux que des légitimistes et de leur avoir donné Charette comme drapeau. Le pro-ministre des armes répondit : « Les rangs des Zouaves sont ouverts à tous. Quant à Charette, si c’est un drapeau, nous ne pouvons oublier qu’il a été troué à Castelfidardo. »