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Chapitre deuxième.
Du rangier et de toute sa nature.


Rangier[1] est bien diverse beste, et pour ce vous diray de sa faisson. Premièrement sa teste est bien diverse ; quar il a la teste plus grande que le cerf et plus chevillée ; quar il porte bien quatre xx cors et aucune fois moins, selon ce qu’il sera vieill rangier et grant. Il a la teste paumée dessus de très longue et diverse paumeure ; quar il a toute la chevilleure de la paumeure derrière einsi comme le cerf a devant fors que les antoilliers devant, lesquels sont paumés aussi ; quar il n’a point les antoilliers aguz devant comme a un cerf. Quant on le chasse il fuit pou, pour la grant charge qu’il a en sa teste ; mes tantôt se recule contre aucun arbre, affin que riens ne li puisse

  1. Maintenant, nous donnons le nom de renne à l’animal que Gaston appelait rangier ou ranglier.

    Buffon dit que le renne existait dans nos forêts lors des guerres de César. En effet, un passage des Commentaires (de Bello gallico, lib. vi), ne peut laisser aucun doute ; le renne y est parfaitement décrit. Mais Buffon ajoute qu’au xive siècle, le renne se trouvait encore en France. Pour motiver cette opinion, il invoque l’autorité de Gaston Phœbus, et il cite la description que cet auteur donne du rangier.

    En 1357 et 1358, Gaston Phœbus, en compagnie du Captal de Buch, pour soutenir les intérêts de l’ordre Teutonique, a été combattre dans le nord de l’Europe. Il n’est donc pas étonnant qu’il ait chassé le rangier et qu’il ait pu le décrire ; mais il ne dit pas clairement que, de son