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iv

bientôt augmenter la mauvaise intelligence. Gaston II exigeait que ses troupes fussent soldées et entretenues par Alphonse ; celui-ci, au contraire, qui manquait d’argent, eût voulu être servi gratuitement ou du moins eût voulu ne payer que plus tard. Enfin, les maladies ne tardèrent pas à se répandre parmi les Béarnais, soit que les chaleurs excessives de l’Andalousie fussent intolérables pour des soldats nés au nord des Pyrénées, soit que le quartier où ils étaient campés, ainsi que les Navarrais, se trouvât le plus insalubre. En effet, le roi Philippe de Navarre fut contraint d’abandonner le siége, et mourut à Xérès. Le comte de Foix, atteint d’une grave maladie, quitta le camp où il était à peine resté deux mois. Il y était arrivé au milieu de juin 1343 ; il en partit le 20 août suivant. À peine était-il en marche, qu’il fut obligé de s’arrêter à Séville où il mourut dans les premiers jours de septembre[1]. Son corps fut emporté dans son pays par ses compagnons d’armes, et il fut inhumé à côté de ses ancêtres dans l’abbaye de Bolbonne.

Le testament fait par lui avant son départ, instituait Éléonore de Comminge tutrice du jeune Gaston Phœbus, tant qu’elle resterait en viduité. Il avait aussi nommé un conseil de tutelle pour le cas où elle se remarierait. Mais, fidèle à la mémoire du comte, Éléonore rendit cette précaution superflue. Elle se consacra uniquement à l’éducation de son fils, au gouvernement de ses États, et signala, par un exemple de courage et de générosité, la première année de son administration.

Don Pedro, roi d’Aragon, celui qui, plus tard, fit, dit-on, empoisonner son fils ; qui dépouilla ses sujets d’une partie de leurs libertés, et qui mérita d’être surnommé par eux Don Pedro du Poignard, venait de chasser En-Jayme, son beau-frère, du royaume de Majorque. Ne voulant laisser aucun refuge à ce malheureux prince, il fit sommer Éléonore de Comminge, comme tutrice du jeune Gaston, de refuser toute assistance et

  1. Chronique d’Alphonse XI, par Nunez de Villazan, ch. 297, 300, 303, 305, 307, 311, 312, 340, et Mariana, liv. 17, ch. 42.