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iii

Onques il ne portoit de chaperon[1]. Néanmoins, quelques auteurs prétendent qu’il fut ainsi appelé seulement lorsqu’il eut pris un soleil pour emblème. On pourrait peut-être aussi penser que le nom de Phœbus lui fut donné à raison du succès avec lequel il cultiva les lettres ; car il mérita d’être cité comme un écrivain remarquable, dans un siècle où vécurent Pétrarque, Dante et Froissart.

Gaston atteignait à peine sa douzième année, quand les malheurs de la guerre le privèrent de son père. Alphonse le Vengeur, roi de Castille, après avoir gagné sur les Beni-Merines la bataille de Rio-Salado, avait résolu de leur enlever la ville d’Algéciraz. Craignant de ne pouvoir, avec ses seules ressources, achever cette difficile entreprise, il avait réclamé l’assistance de tous les souverains de la chrétienté. Tous répondirent à son appel. Le pape déclara que cette guerre était sainte, et fit prêcher une croisade. Quelques princes se bornèrent à prêter de l’argent au roi Alphonse ; d’autres lui en donnèrent. Tous ceux de la Péninsule Ibérique lui envoyèrent ou lui conduisirent l’élite de leurs chevaliers. Le père de Gaston Phœbus eût pu se dispenser d’aller au camp d’Alphonse ; car aucun de ses États ne relevait de l’Espagne. Pour le comté de Foix, il devait hommage à la couronne de France ; et le comté de Béarn formait un État indépendant qu’il tenait, disait-il, de Dieu, de l’épée et de ligne. Ce fut donc seulement par sentiment chevaleresque ou par dévouement religieux, qu’il se rendit devant Algéciraz avec son frère Roger Bernard, vicomte de Castelbon. Au reste, sa présence au camp ne fut signalée par aucune action d’éclat. Au contraire, chargé de dresser une embuscade aux assiégés qui, chaque jour, sortaient de la ville, le comte de Foix échoua dans cette entreprise. Une autre fois il refusa de se rendre au poste qui lui était désigné, en répondant qu’il était malade ; aussi les seigneurs castillans l’accusaient-ils de mal servir le roi. Des questions d’intérêt vinrent

  1. Froissart, vol. 4, ch. 8.