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Ore te prouveray comme veneurs vivent en cest monde plus joyeusement que autre gent ; quar, quant le veneur se liève au matin, il voit la très douce et belle matinée et le temps cler et serain et le chant de ses oiseletz qui chantent doulcement mélodieusement et amoureusement chascun en son langage, du mieulx qu’il puent[1], selon ce que nature leur aprent. Et quant le soleill sera levé, il verra celle doulce rosée sur les raincelles et herbetes et le soleill par sa vertu les fera reluysir. C’est grant plaisance et joye au cuer du veneur. Après, quant il sera en sa queste ou il verra ou il rencontrera à bientost, sans trop quester, de grant cerf, et le destournera bien et en court tour. C’est grant joye et plaisance au veneur. Après, quant il vendra à l’assemblée et fera devant le seigneur et ses autres compaignons son report ou de veue à l’ueil ou de reporter par le pied ou par les fumées qu’il aura en son cor ou en son giron ; et chascun dira : Veez ci grant cerf. Et s’il est une bonne muete, alons le laissier courre. Lesquelles choses je desclareray[2] ci avant que c’est à dire, dont a le veneur grant joye. Après quant il commence sa suyte et il n’a guères suy[3] il orra ou verra lancer devant luy et saura bien que c’est son droit, et les chiens vendront au lit et seront ilee descouplés tous sans que nulz en aille accouplé ; et toute la muete là quieudra[4] bien. Lors a le

    Êtes vous de Montigny ?
    Vraiment ma commère oui.

    Dans l’édition de Vérard on a imprimé : Je vais parmy le boire !

  1. Du mieulx qu’ils puent, du mieux qu’ils peuvent.
  2. Desclareray, j’éclaircirai, j’expliquerai.
  3. Suy, suivi.
  4. Quieudra. Et toute la muete là quieudra bien ; et toute la meute là accourra bien.

    Queure, queurre, ou queurir signifie courre.

    Pellier n’i a qui petit ne labeure,
    Ni fillette qui vers les clers ne queure.

    (Poème d’Eustache des Champs.)