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de Dieu. » Je veux, en écrivant cette courte notice, profiter de la leçon que nous donne l’auteur espagnol. Je m’efforcerai de rester à l’abri de toute préoccupation et de dire religieusement la vérité, sans chercher à l’embellir.

L’enfance de Gaston Phœbus fut loin de faire présager la sagesse avec laquelle ce prince devait un jour gouverner ses États. Il annonçait de mauvais penchants, et il dit lui-même, dans les prières qu’il a envoyées au duc de Bourgogne : « D’abord, quand je naquis, j’étais pervers et frivole au point que mes parents avaient honte de moi ; et tout le monde disait : « Celui-ci ne pourra jamais rien valoir. Malheur au pays dont il sera le seigneur[1].» Cependant son père, Gaston II, comte de Foix, seigneur de Béarn, et surtout sa mère, Éléonore de Comminge, qui fut une des femmes les plus sages et les plus parfaites du xive siècle, parvinrent à modérer la violence de son caractère. Ils lui donnèrent pour gouverneur un brave et loyal chevalier nommé Corbeyran de Rabat ; ils éloignèrent de lui l’adulation ; ne l’entourèrent que de gens vertueux ; et Dieu couronna les efforts de leur tendresse. « Mon Dieu ! » dit encore Gaston lui-même, « chaque jour je t’ai demandé de me donner la douceur et la fermeté. Dans ta bonté infinie, tu as bientôt exaucé mes prières, et j’ai reçu ces dons plus qu’aucun de ceux qui vivent de mon temps[2]. »

La beauté du jeune Gaston et l’abondance de sa chevelure lui firent, dès ses jeunes années, donner le surnom de Phœbus. Il avait constamment les cheveux épars, la tête découverte.

  1. Primo quando fui natus eram multum perversus et frivolis (sic) ; tantum quod meus pater et mea. Mater verecondebantur ; et omnes dicebant : iste nihil poterit valere et væ erit terræ cujus erit dominus.
    (Manuscrit de la Bibliothèque nationale provenant de Neuilly, n. 7097.)
  2. Rogavi te, qualibet die . quod dares miehi vim et lenitatem ; et tu domine plenus omni bonitate audivisti citô preces meas et dedisti miehi plus quam alicui qui fuisset in meo tempore.
    (Manuscrit précité.)