grand douleur ; et puis vient en fièvre et en perd le manger et le boire ; puis vient en frénaisie et en desconnoissance de toutes choses et en la fin s’en suit la mort.
» Certes, ainsi est-il de péchié ; car quand on le fait, il semble petite chose ; mais après il enfle ; car à peine sera un péchié qu’il n’attraye un autre ou celui meisme autrefois, tout ainsi comme l’enfleure atrait les humeurs du corps. »
L’écrit le plus important de Gaston Phœbus est son livre de chasse. Comme veneur, Gaston fait autorité. C’est chez lui que Du Fouilloux, Salnove et tous leurs successeurs sont venus puiser à pleines mains. Comme écrivain, il emploie un langage toujours logique ; il n’est pas un auteur de son temps qui l’emporte sur lui pour la netteté de l’expression. Gaston Phœbus envoya un manuscrit de cet ouvrage à Philippe le Hardi, fils du roi Jean et premier duc de la deuxième Maison de Bourgogne. Selon M. Gaucheraud[1], ce manuscrit pourrait être celui qui se trouve maintenant à la Bibliothèque nationale, inscrit sous le no 7098. Je ne saurais partager cette opinion.
Si le manuscrit no 7098 eût appartenu à Philippe le Hardi, on y trouverait les armes de ce prince ; car, au moyen-âge, lorsqu’on copiait un livre, on ne manquait pas d’y dessiner le blason du seigneur auquel il était destiné. Or, dans le manuscrit no 7098, au bas de la première page du prologue, on a dessiné des armoiries ; mais ce ne sont pas celles du duc de Bourgogne.
Le manuscrit envoyé à Philippe le Hardi contenait non-seulement le livre de chasse de Gaston, mais encore un recueil de prières composées par lui. Ces prières ne se trouvent pas dans le manuscrit no 7098.
Enfin nous lisons dans Argote de Molina :
« … En 1387, Gaston Phœbus, comte de Foix, seigneur de Béarn, écrivit en français un excellent ouvrage qu’il dédia à Philippe de France, duc de Bourgogne, comte de Flandre et d’Artois. Ce manus-
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