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valut, car, en moins de demie heure, il fut mort et rendit son ame moult doucement.

» Dieu par sa grace lui soit miséricors. »

Le lendemain, le corps de Gaston fut apporté à Orthez où, quelques semaines plus tard, on lui fit de magnifiques funérailles. Gaston Phœbus avait à peine achevé sa soixantième année. L’usage de la chasse et l’habitude des exercices du corps avaient entretenu chez lui la vigueur et l’agilité de la jeunesse. De longues années semblaient donc encore lui être réservées. Sa fin inattendue surprit tout le monde et vint empêcher l’accomplissement du traité qu’il avait conclu avec le roi pour la cession de ses États. Dès que la mort du comte de Foix fut connue à la cour de France, Charles VI envoya quatre commissaires pour prendre possession de ses domaines. Le maréchal de Sancerre reçut l’ordre de s’approcher des frontières ; mais les esprits n’étaient pas encore préparés à un changement de domination. Le pays de Foix eût accepté volontiers sa réunion à la couronne de France ; mais le Béarn tenait davantage à son indépendance. Il se montrait favorable aux prétentions de Matthieux de Castelbon ; il était à craindre que ce jeune seigneur, s’il était privé de l’héritage de Gaston, ne voulût soutenir ses droits par les armes et qu’il n’appelât à son aide les ennemis de la France. Charles, en ce moment, avait bien assez de ses démêlés avec le duc de Bretagne. D’ailleurs, le vicomte de Castelbon avait mis la main sur les richesses mobilières de Gaston que personne ne pouvait lui disputer. Il n’avait pas trouvé dans son épargne moins d’un million d’écus d’or. Il lui fut donc facile de gagner les personnes qui conseillaient le roi. Par le conseil des États de Béarn, il fit appel à la générosité de ce prince qui, en effet, par lettres-patentes en date, à Tours, du 20 décembre 1390, lui abandonna l’héritage entier du comte de Foix.

Quant aux bâtards de Gaston, une rente leur fut assurée pour les mettre à même de soutenir leur rang avec honneur. Ivain même, admis à la cour de Charles VI, devint un de ses