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de Gace de la Vigne était alors dans toute sa nouveauté. Cet auteur, successivement chapelain de Philippe le Valois, de Jean et de Charles V, avait, après la bataille de Poitiers, accompagné le roi dans sa captivité. C’est à Bedefort en Angleterre, l’an MCCCLIX, qu’il commença son roman du mandement du roy Jehan, affin que messire Philippes, son quart fils, duc de Bourgoigne, qui adonc étoit jeune, apprist les déduits pour eschever[1] le pesché oiseulx. Ce livre ne put être achevé avant 1374[2] ; et il venait d’être offert au duc de Bourgogne quand eut lieu la campagne de Flandre. Gaston, disciple fervent des Muses, grand amateur de toute espèce de chasse, et lié d’amitié avec le duc Philippe, dut nécessairement en avoir connaissance. Il paraît s’en être inspiré. De même que Gace de la Vigne, il a prétendu combattre le péché oiseulx. Ocieuseté, dit-il, est cause de tous les sept péchiés mortels… Or, te prouveray comme le bon veneur ne peut être ocieux. Mais Gaston n’a pas voulu traiter le sujet que Gace de la Vigne avait approfondi. Il n’a pas donné, comme dit M. Gaucheraud[3], les détails les plus minutieux sur les devoir du fauconnier, du perdriseur, de l’oiseleur, et sur toutes choses nécessaires à volerie ; c’est de vénerie seulement que Gaston s’est occupé. Il a commencé son livre le 1er mai 1387. Par conséquent il était en train de l’écrire lorsque Froissard se rendit auprès de lui. Notre aimable chroniqueur n’avait fait encore que deux volumes de son histoire. « Je m’avisay, dit-il, que je ne vouloye pas séjourner de non poursuir ma matière et pour savoir vérité des lointaines besongnes sans que j’y envoyasse autre personne en lieu de moi, pry voie raisonnable et achoison d’aller devers haut prince et redouté maître, Gaston comte de Foix et de Béarn ; et bien savoye que si je pouvoye avoir la grâce de venir en son hostel et là estre à loisir, je ne pourroye mieux

  1. Eschever, esquiver, éviter.
  2. Il y est parlé du chancelier Pierre d’Orgemont, nommé chancelier seulement en 1373.
  3. Histoire de Gaston Phœbus, page 73.