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Chapitre soixante-unième.
Ci devise comment on puet chassier sengliers et autres bêtes aux fousses.


Aussi prent on cerf ou senglier, ours et lous et autres bestes ès fousses. On fet une grant fousse de trois toises de parfond, plus grande au fons que à l’entrée, affin que la beste ne s’en puisse saillir, et la cuevre len de menues busches et d’herbes, et fet on èles[1] dessà et de là tout einsi que on fet aux perdrix quant on chasse à la tonne. Et quant on chasse doit avoir trois hommes, l’un à l’un bout des èles et l’autre à l’autre ; et l’autre au milieu bien couvert. Et quant il sera entre la fousse et eulz, ilz le doivent acuillir einsi que j’ay dit de la haye et le fere bouter dedens la fousse, car il ne s’i prendra garde et cuydera que tout soit plain pays ; et doivent estre estroites les èles derrière du large de la fosse et

  1. Èles. Ailes. Les ailes dont Gaston parle ici sont des haies sèches ou des claies. Elles forment entre elles un angle assez ouvert, au sommet duquel est creusée la fosse. Quelquefois, au lieu de deux ailes, on en met quatre, qui partent des quatre coins de la fosse et se dirigent vers des points de l’horizon diamétralement opposés. De cette manière, de quelque côté que vienne le gibier, dès qu’il s’est engagé entre les ailes, il faut nécessairement qu’il arrive à l’endroit où est le piège.