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robe d’un pastour qui garde les berbis, affin que ces lous n’ayent nul vent de luy, qui les annuye et leur doit abattre la char et puis s’en doit aler. Et quant aube du jour sera, il doibt metre ses lévriers par là où ils s’en sont accoustumez d’aler les autres nuytz. Et les lous qui n’auront mengié de toute la nuyt, quant on leur ara abatue la char, ilz mengeront tant que par leur gloutonnie, le jour les y prendra et demourront, ou s’ilz vont hors, ce sera despuis qu’il fera jour, quar ilz ont lieu court terme de mengier, tant que le jour leur y est survenu. Et les lévriers seront jà assis comme j’ay dit : si y hara riote. Mes pour ce que les seigneurs aucune fois ne se lièvent pas à l’aube du jour, et pour qu’ilz voyent le deduit, loe-je que quant il leur hara abatue la char, une pièce après, il fasse fere x et xij feux ou tant comme bon li semblera entre la forest où ilz s’en aloyent les autres nuytz et le buysson, à deux trelz d’arcbalestre du buisson, tant qu’ilz puissent veoir les feux et oïr ceulx qui parleront. Et à chescun feu, ait un homme ou deux ; et de l’un feu à l’autre le giet d’une petite pierre. Et les unz parolent aux autres sans assembler haut, en demandant des nouvelles ; ou chantent ou rient sans huer. Et quant les lous verront et orront cela, et tant pour le jour qui leur sera sourvenu, ilz devroyent demourer ; et entredeux[1] sera venu le seigneur, si les pourra chasser et prendre en ceste manière :

Premièrement il doit regarder le plus beau titre, le plus long et le plus plain qui soit environ le buisson et là doit il metre les lévriers ; et s’il ha biau titre par où les lous s’en souloient aler les autres nuyz, quant ilz avoyent mengié, là les doit il metre, suposé qu’il y eust mauvès vent pour les lévriers. Car, ou tout cela, s’en vendront ilz plus voulentiers par illec que par autre part ; et s’il y ha bon vent, tant vaut mieulz. Et sinon, il doit metre ses lévriers, comme j’ay dit, au plus beau titre et au plus long et les doit tout coyement asseoir et metre tout en ranc quatre ou six leisses, ou plus ou moins, selon qu’il hara de lé-

  1. Entredeux, interdum. Pendant ce temps.