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Chapitre cinquante-quatrième.
Ci devise comment on doit férir le sanglier.


Et se le senglier li vient courre sus visaige à visaige, il doit venir contre luy, non pas courant, mes trotant, les rênes de sa bride bien courtes ; et ne doit point regarder au senglier, ni à ce qu’il fera, mes penser et adviser par où il pourra mieulz asseoir son coup. Et s’il fiert de l’espieu, il doit férir de haut en bas, si fort comme il pourra, en se levant sur les estriers. Et doit tout veneur chevauchier court ansois que long ; car il en est plus aysié et moins en griève son cheval ; quar s’il monte une coste, il se puet soustenir sur les estriers et ne grèvera mie tant son cheval ; et aussi se puet tourner et virer sà et là et bessier ; et s’il chevauchoit long, il ne le pourroit fère. Aussi dis je qu’il en est plus aysiée et plus délurré en toutes armes soyent de peiz ou de guerre. Aucunes gens fièrent le senglier de l’espieu dessoubz main. Aucuns metent l’espieu dessoubz l’eisselle einsi comme s’ilz vouloyent jouster ; et ce sont deux nices contenances, quar ilz ne pevent fere grant coup.

Et sil vuelt descendre aux abais en mi les fortz, ce ne sera mie de mon conseill, si n’i ha lévriers ou alans, ou mastins ; quar s’il faut à le bien ferir, ce que on fet bien voulentiers,