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grant voulenté qu’ils ont, la tierce il y a des chiens parleurs et jangleurs et estourdiz einsi que des gens. Et qui trop parole[1] ou chien qui trop crie, ne puet estre qu’il ne faille trop de fois. À tieulz chiens ha moult à fere à les fere tere. Toutes voies le bon veneur les doit mener de haute heure à leur chasse quelle que soit, affin qu’ilz ne puissent assentir fors que de hautes erres ; où moins assentiront moins en crieront ; quar ilz ne peulent mie si bien assentir de hautes erres, comme ilz font au matin, quant une beste s’en va devant eulz. Aussi les doit il mener chassier avec pou de chiens. Quar s’il y avoit trop de chiens ilz crieroyent l’un pour l’autre plus qu’ilz ne feroient s’ils estoient seuls ou avec petite compaignie de chiens. Aussi les doit batre et menassier quant ilz crient trop mal à point. Aussi les mener souvent chasser et fouller, les fet bien leissier leur crier. Quar quand ilz sont las, ilz n’ont cure de jangler. Et en toutes ces choses et autres qu’on pourroit dire sont en la main et en la gouvernance du bon sens et de la bonne rayson du veneur, quar là tient tout.

Quant le cerf est desconfit, il demuere et se fet abayer aux chiens comme celui qui ne puet plus en avant. Lors se le cerf n’est froyé, le doit le veneur lessier abayer aux chiens bien long temps et attendre que tous ses autres chiens soient venus quar se font trop bien en abayer longuement le cerf ; mes s’il est froyé et bruni, il le doit tuer le plus tost qu’il pourra ; quar c’est grant perill de leisser abayer longuement pour doubte qu’il ne tue les chiens.

Et le doit tuer en telle manière. S’il a arc, il li doit trère ; mes qu’il prenne garde des chiens ; et si non, il doit descendre et lier son cheval et venir de loinh par darrière ; et se garde qu’il ne le voye, en se couvrant des arbres et ainsi le pourra férir en jetant de son espée, ou l’esjarreter[2].

  1. Et qui trop parole. Qui trop parle.
  2. Esjarreter. Lui couper le jarret. Ou se sert maintenant du mot acouer qui, au reste, était déjà usité du temps de Gaston Phœbus. Acouer, c’est attaquer du côté de la queue ; a caudd, prendre par der-