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La guerre entre les comtes de Foix et d’Armagnac dura encore plusieurs années, et la fortune ne cessa pas d’être favorable à Gaston. Enfin, la paix fut de nouveau conclue en 1379. Cette fois on essaya de la cimenter d’une manière durable. Pour éteindre les inimitiés qui divisaient les deux familles, on proposa de marier le fils unique de Gaston à Béatrix, fille du comte Jean. Cette jeune princesse était remplie de grâces, et l’enjouement de son caractère lui avait fait donner le surnom de La Gaie. Ces deux enfants étaient encore trop jeunes pour qu’il fût possible d’accomplir le mariage ; mais le contrat fut signé ; la cérémonie des fiançailles fut célébrée le lendemain de la fête des Rameaux, 4 avril 1379, et l’on put croire enfin que la Langue-d’Oc allait jouir du repos dont elle avait été si long-temps privée. Cette espérance dut s’accroître encore lorsque Charles le Sage, au mois d’août de l’année suivante, choisit Gaston Phœbus pour son lieutenant dans cette partie du royaume. Tout promettait une ère de calme et de prospérité ; mais comme dit un vieux proverbe : « De la coupe jusqu’aux lèvres advient souvent grand destourbier. » Quelques jours seulement après qu’il eut confié à Gaston le gouvernement de cette province, le 16 septembre 1380, Charles le Sage rendit son âme à Dieu. Un des premiers actes par lesquels les tuteurs de Charles VI signalèrent leur déplorable administration, fut la révocation des pouvoirs conférés au comte de Foix. Ils nommèrent à sa place le duc de Berry dont les habitants de la Langue-d’Oc connaissaient par expérience le caractère cruel et avare. À la nouvelle de ce changement, les notables du pays, réunis à Toulouse, décidèrent que de très humbles remontrances seraient adressées au roi ; mais en même temps, pour le cas où leurs représentations ne seraient pas écoutées, ils se préparèrent à la résistance. Ils prièrent le comte de Foix de vouloir bien recevoir la province sous sa protection et mirent à sa disposition tous les moyens nécessaires pour en chasser les compagnies de brigands et de routiers que le duc d’Anjou y avait laissées.