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chemin ; quar là trépassent voulentiers chiens leurs routes, tant pour le chemin comme pource qu’il vient le pié moillé hors de l’eaue. Et quant il le met à terre, la terre boyt et tyre la moilleure et humour du cerf que chiens ne pevent assentir ; quar quant le cerf a batu les yeaues et il se ressuye, l’yeaue du corps et des iambes chiet sur les routes ; si n’en pevent les chiens assentir, quar il est tout relavé aussi comme s’il estoit sur pleu ; mes quand il a un peu alé, lors en assentent les chiens mieulz ; quar il est sec de l’yeaue qu’il ara portée ès jambes et au corps. Por ce loe je que on requère près de l’eaue et loinh, pour les raisons dessusdites. Et s’il voit que à l’entrée de l’eaue il tienhe la teste aval ou que la rivière soit rade et forte, il puet bien penser qu’il fuyt et vet en aval l’yeaue. Donc il doit prendre aval l’yeaue le plus près qu’il pourra de la rivière en parlant à ses chiens, en disant : L’yeaue ! fuyt l’yeaue ! et d’autres gracieux motz et langages bien aval ; quar aucunefois, comme j’ay dit, il se fet bien porter longuement aval la rivière. Et se ilz sont deux ou plus de veneurs, li uns doibt requerir et estre avecques une partie des chiens de l’une part de la rivière et l’autre de l’autre. Et s’il voit qu’il ne fuve aval, il doit requerir par la mesme manière amont l’iaue, et puis d’une part et puis d’autre de la rivière touzjours cornant requeste, affin que les compainhons viegnent là. Et s’il voit qu’il ne se ressiave[1] ni amont ni aval, ni de l’une partie ni de l’autre, lors puet il bien penser qu’il est demouré dedans l’iaue, ou s’est baigné en la rivière et retourné sur soy par là meismes où il entra. Si donc les chiens n’estoyent si mauvès qu’ils eussent sur alé et trespassé routes, lors doibt il requerir par là où est venu chassant arrière, et prendre ses tours et essains, einsi que j’ay dit que on doit requerir. Et se les limiers venoyent, il les doit fere prendre les ares[2] de l’iaue ; quar un homme à pié va par trop de lieux où là cheval ne pourroit aler. Et aussi le

  1. Ressiave. Dans le manuscrit de Saint-Vallier : Ressiauve.
  2. Ares. Erres.