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seigneur m’occiroit et diroit que je l’aurois déçu. — Je ne sais, dit le roi, qui ne vouloit pas mettre l’argent hors de ses mains, si vous demeurerez ou si vous retournerez ; mais je suis chef de cet argent, et à moi en appartient la garde pour vous, et jamais ne partira de Navarre. » La comtesse de Foix ne put déterminer Charles le Mauvais à se désister de sa prétention, et, comme elle craignait les emportements de Gaston, elle resta en Navarre.

Peut-être la rigueur inflexible du caractère de Gaston contribua-t-elle aussi à entretenir l’animosité qui existait entre lui et le comte d’Armagnac. La paix jurée entre eux fut de nouveau rompue. Le comte Jean espérait sans doute prendre sa revanche de la défaite de Launac. Il obtint d’abord quelques avantages, et il enleva la ville de Cazères ; mais son triomphe ne fut pas de longue durée. Aussitôt que Gaston eut connaissance de la prise de cette place, il envoya deux de ses capitaines pour l’investir. Il leur commanda de mettre tous les paysans en réquisition ; de les occuper à couper des arbres pour en former de fortes barricades devant les portes de la ville, de manière à ce que personne ne put en sortir. Au bout de peu de jours, il arriva lui-même à la tête de 500 hommes d’armes, et son premier soin fut de faire continuer, tout autour des murailles, les barricades que l’on avait construites d’abord devant les portes seulement. Il agissait ainsi, parce qu’il savait que les Armagnacs n’avaient pas eu le temps de faire entrer beaucoup de vivres dans la ville, et il espérait qu’en affamant les assiégés il en aurait bientôt raison sans coup férir. En effet, ceux-ci eurent promptement épuisé leurs provisions ; ils furent obligés de capituler. Gaston exigea que le comte Jean d’Armagnac qui était dans la place, que les gentilshommes et les gens d’armes qui s’y trouvaient avec lui en sortissent un à un par un trou fait à la muraille. À mesure qu’ils passaient par cette ouverture, il fallait qu’ils remissent leurs armes. Ensuite ils furent conduits en prison où ils demeurèrent jusqu’à ce qu’ils eussent acquitté la rançon fixée pour chacun d’eux.