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coinhe, ou par autres maulz païs. Et lors, quant il ne puet chevauchier la menée, il doit prendre avantaiges, le plus près de ses chiens qu’il pourra, à venir au par devant de ses chiens touzjours au dessous du vent. Et s’il voit le cerf, il le doit forhuer, comme j’ay dit, et demourer illec tout coy, et lessier passer tous ses chiens, et lors verra il quieulz chiens vendront devant ; et quant ilz seront tous passez, il se doit metre à la menée et corner et huer et resbauldir ses chiens, comme j’ay dit ; et s’il oït que les chiens se teisent, il doit demourer tout coy, et crier arrière ! arrière ! quar il doit penser qu’il a fet une ruse ou estourse, et qu’il refuit sur soy ; ou que le change leur est sailly ; quar s’il alast avant, les chiens chassassent touzjours après. Et doit demourer et lessier venir ses chiens et lesser requérir et passer devant luy. Et de connoistre lequel de ces deux est, puet il bien savoir ; quar ce c’est le change, tous les chiens de sa muete ne sont pas sage ; car aucuns chasseront le change ; mes les sages chiens non. Donc quant il orra aucuns chassier et ces sages chiens demourer, il puet bien savoir que c’est le change. Mais quand nul ne crie plus avant, c’est une reuse ou estourser. Donc doit il trere arrière par là où il est venu chassant, et metre ses chiens devant luy, et prendre tours et essain le plus près qu’il pourra de la menée ou d’une part ou d’autre. Quar s’il prenait grant tour, le change li pourroit bien bouler ; toutes les voyes fet bien un cerf longues reuses et longuement revient sur soy, ainsi aucunefois, comme un trait d’arc ou plus, et si ses chiens ne le pevent redressier du premier tour ou essain qu’il ara pris, si en preinhe un autre plus grant, et einsi en eslargissant ses tours et essains tant de fois jusques tant que ses chiens le dressent ; touzjours les tours et essains le plus près qu’il pourra de sa menée ; quar un cerf pourroit bien demourer entre son tour et la menée par où il est venu chassant. Et, einsi fesant, ne puet-il estre qu’il ne le dresse ; quar il ne le puet faillir que ses chiens ne le dressent si ce n’est par ses ruses, ou pour le change, ou pour demourer dedans son tour ; et en ce, se doit il bien avisier et estre subtil