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pas à se débander. Neuf cents prisonniers et le comte d’Armngnac lui-même tombèrent au pouvoir du vainqueur. Les rançons qu’ils furent obligés de payer s’élevèrent à une somme énorme ; le comte d’Armagnac, lorsqu’il fut remis en liberté, restait encore débiteur de deux cent cinquante mille livres. Il aurait bien voulu se soustraire à l’obligation d’acquitter cette somme. Il s’adressa au prince Noir et le pria d’obtenir que Gaston lui en fit la remise. La Guyenne, la Xaintonge, le Poitou, le Bigorre et les hommages des seigneurs dont les États se trouvaient enclavés dans ces provinces, venaient d’être cédés à l’Angleterre par le traité de Bretigny. Édouard les avait donnés à tenir en fief à son fils. Ce prince, dit Froissard, répondit au comte d’Armagnac : « Vous fûtes pris par armes et par belle journée de bataille, et mit notre cousin le comte de Foix, son corps et ses gens en avanture contre vous ; et si la fortune fut bonne pour lui et contraire à vous, il ne doit pas pis valoir. Par fait semblable, monseigneur mon père ni moi ne saurions gré à qui nous prieroit de remettre arrière ce que nous tenons par belle aventure et la bonne fortune que nous eûmes à Poitiers, dont nous regracions Notre Seigneur. » Cette réponse ne rebuta pas entièrement le comte. Il eut recours à la princesse de Galles ; et comme celle-ci connaissait la courtoisie de Gaston, elle pria ce chevalier de lui octroyer un don. Le comte de Foix se tenait sans doute sur ses gardes. Il répondit à la princesse qu’un pauvre bachelier comme lui ne pouvait faire de sacrifices bien considérables ; que, néanmoins, il accordait ce qu’elle demanderait, pourvu que cela n’excédât pas soixante mille livres. La princesse insista pour que remise entière fût faite au comte d’Armagnac de ce qu’il redevait sur sa rançon ; mais Gaston s’en défendit, et l’on trouva qu’il agissait encore bien généreusement. Au reste, cette conduite était en tout conforme à sa manière d’agir habituelle. Il passait, à juste titre, pour un des princes les plus courtois et les plus magnifiques de cette époque ; mais en même temps il était ennemi de toute folle largesse. Sa cour, qu’il tenait à Orthez, était