ple ay je mise avant, pour la noblesse des chiens et des seinheurs qui ont esté ; mes maintenant je croy que on en trouveroit pou qui feissent si parfetes justices.
Chien est loyal à son seinheur et de bonne amour et de vraye. Chien est de bon entendement et a grant connoissance et grant judgement ; chien a force et bonté ; chien a sagesse et est beste véritable ; chien a grant mémoire ; chien a grant sentement ; chien a grant diligence et grant puissance ; chien a grant vaillance et grant subtillité ; chien a grant légéreté et grant apercevance ; chien est bien à commandement, quar il apprendra comme un homme tout quant que on li enseinhera. Tous esbatemens sont en chiens. Tant sont bons chiens que a paines est homs qui n’en vueille avoir ou pour un mestier ou pour autre. Chiens sont hardis ; quar un chien osera bien deffendre l’hostel de son seinheur et gardera son bestiaill et tout ce qui sera du sien et s’en exposera à mort.
Encore pour mieulx affermer les noblesses des chiens feray un conte d’un lévrier qui fut d’Auberi de Mondidier lequel vous trouverez en France paint en moult de lieux. Auberi estoit serviteur du roy de France si en alloit de la court vers son hostel. Einsi qu’il s’en alloit et passoit par les bois de Bondis qui sont près de Paris, et menoit un très biau et bon lévrier qu’il avoit. Un homme qui le heoit[1] par envie, sans autre raison, qui estoit appellé Machaire si li corrut sus dedens le boys, et le tua sans deffier, qu’il ne s’en gardoit. Et quant le lévrier vit son maistre mort, si le couvrit de terre et de feuilles au mieulx qu’il peut, aux ongles et au musel. Jusques au tiers jour et lors pour la grant fain quil avoit sen revint à l’ostel du roy et là trouua Machaire qui estoit grant gentilz homs et tantôt que le lévrier l’apersut si courut sus et l’eust afolé, se hon ne l’eust deffendu. Le roy de France qui sages et apercevant estoit demanda que ce estoit : et len li dist toute la vérité. Le levrier prenoit de ce qu’il povoit avoir des tables, si le portoit à son meistre et li metoit en sa
- ↑ Heoit, haïssait.