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fils du roi, chargé du gouvernement de la Normandie. Jean, prévenu de ces intrigues, et sachant que Charles le Mauvais s’était rendu à Rouen auprès du Dauphin, part en secret, accompagné seulement de quelques personnes dévouées, fait rapidement le trajet, et se présente à l’improviste, avec son escorte, dans la salle où dînaient les deux princes, arrête de sa main le roi de Navarre, et fait mettre à mort quelques-uns des convives. Cet acte, d’une justice un peu sauvage, provoqua les réclamations de Gaston. Il crut devoir élever la voix en faveur de son beau-frère emprisonné d’abord à Paris et transféré ensuite à Allères-en-Pailleus. La vivacité de ses plaintes déplut au roi qui le fit jeter dans les prison du Châtelet.

La captivité de Gaston ne dura pas long-temps. Les plaintes qu’il avait fait entendre étaient celles de toute la noblesse, indisposée par la conduite violente de Jean. Philippe, frère du roi de Navarre, ses amis, les parents des seigneurs exécutés à Rouen, prirent les armes et appelèrent les Anglais à leur aide : « Pour moi, dit à Froissart le Bastot de Maulion, la première fois que je fus armé, ce fut sous le captal de Buz, à la bataille de Poitiers : et de bonne estreine j’eus en ce jour trois prisonniers (un chevalier et deux escuyers), qui me rendirent l’un parmy l’autre quatre mille francs[1]. » Tous les mécontents ne se déclarèrent pas aussi ouvertement contre le roi ; mais quand celui-ci se trouva à Poitiers en présence de l’ennemi, une grande partie des seigneurs abandonna le champ de bataille sans disputer la victoire ; et Jean, malgré la bravoure avec laquelle il combattit, resta prisonnier des Anglais. Ce désastre remplit le royaume de troubles. Les partisans du roi de Navarre en profitèrent pour le faire évader de sa prison. Le comte de Foix fut-il délivré à la même époque, ou bien était-il déjà rendu à la liberté ? Les auteurs ne donnent aucun détail à cet égard. Ce qui paraît certain, c’est qu’il retourna aussitôt dans ses États. Le 30 août 1357, se trouvant à Mondoville, Gas-

  1. Froissart, vol. 3, chap. 8.