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Chapitre onzième.
Du renart et de toute sa nature.


Renart est assés commune beste ; si ne me convient jà dire de sa faisson ; quar pou de gens sont qui bien n’en ayent veu. Elle a auques et moultes des condicions telles comme le loup ha ; quar elle porte, autant comme la louve fet, ses chiauls, ore plus, ore moins, einsi comme la louve ; mes que elle les fet dessoubz terre bien profond plus que la louve ne fet, et est une fois chaulde l’an. Elle a la morsure venimeuse comme le lou, et sa vie n’est pas plus longue que d’un lou. À grant paine prent on renard preinhs, quar quant elle se sent grosse et pesant elle demuere touzjours viron ses fosses, et si elle oït rien, tantost se boute dessoubz terre ansois que chiens la puissent prendre. Elle est malicieuse et fausse beste comme le lou.

La chasse du renart est moult belle, quar les chiens la chassent de près. Et voulentiers touzjours en assentent, pource que elle fuit les forts pays et aussi pource que elle est puant durement. À grant peine vuelt vuydier un pays ne prendre la champainhe, pource que elle ne se fie en courre ni en sa deffense, quar est trop feble, et si elle le fet ce sera par droite force et touzjours vendra le couvert et se ne se povoit couvrir que d’une ronsse elle s’en couvrira. Et quant elle voit que n’y pourra durer, donc se met elle dedens terre ; et ha ses fosses qui sont ses forteresses, lesquelles elle scet bien ; et ilec les puet on bien fouir et