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première fois qu’ils mengeront. Mes quant ils sont asseurés, qu’ils ont mengié deux ou trois foys, que on ne leur fet nul mal, lors aucunes fois, ils demuerent ; mes aucuns sont si malicieus qu’ils mengeront la nuyt et s’en iront avant le jour bien loinh demie lieue ou plus demourer ; espicialment s’ils sentent que on leur ayt fet ennuy ou ils sentent que on leur ait fait trayn de char pour le chassier. Ils ne se plainhent point quant on les tue, comme font chiens ; mes des autres natures y ressemblent ils aucques[1]. De ses autres natures, manières et malices d’euls diray je plus à plain quant parleray comment on le doit chassier. Si on li giète moult lévriers, il regarde devers chescun, quant il les voit venir. Et conoist tantost celuy qui le vuelt prendre. Lors se haste il de fuyr quant qu’il puet ; mes si ils sont lévriers qui ne l’osent prendre, tantost le connoist. Si ne hastera jà son erre. Et quant on giète au costé ou devant lévriers qui le vueillent bien prendre et il le voit, s’il est plain, il se vuide et derrière et devant, tout en courant, pour estre plus viste et plus légier.

On ne puet nourrir un lou, pour quant que on l’ait cheau ne juene et l’en le chastie et bate et tienhe en discipline, que touzjours il ne face mal, s’il a loysir et le puet fere ; et james pour quant qu’il soit privé ne sera, se on le maine dehors, qu’il ne regardent touzjours dondéssà et dondélà[2] pour veoir s’il puelt en nul lieu fere mal ; ou il regarde qu’il a doubte que aucun ne li fasse mal, quar il scet bien en sa connoissance qu’il fet mal. Et pour ce le crie l’en chasse et tue ; mes pour tout cela ne puet il laisser sa mauvaise nature.

On dit que le destre pié de devant du lou porte medicine au mal des mamelles et aux boces qui viennent aux pourciaus privés dessoubzles maisselles[3] ; et aussi le foye du lou séchié et

  1. Auques, encore.
  2. Dondéssa et dondélà, deçà et de là.
  3. Maisselles, mâchoires, du latin maxilla.