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Chapitre huitième.
De l’ours et de toute sa nature.


Lours est assés commune beste ; si ne me convient jà dire de sa faisson ; quar pou de gens sont qui bien n’en ayent veu. Ours sont de deux conditions, les uns grans de leur nature, et les autres petits de leur nature, pour quant qu’ils soient vieuls. Toutesvoyes leurs meures et vies et condicions sont toutes unes ; mais les grans sont les plus forts et ceulx qui menjent aucunefois bestes privées. Merveilleusement sont forts par tout le corps, fors qu’en la teste qu’ils ont si fèble, que s’ilz y sont feruz, ils sont touz estourdiz ; et si fort y sont féruz, mors. Ilz vont en leur amour en décembre, les uns plus tost, les autres plus tart selon ce qu’ils sont à requoy en bonnes pastures ; et durent en leur grant chaleur xv jours. Et tantost comme l’ourse a conceu et se sent grosse, elles se mettent ès cavernes de roche et demuerent dedans jusques tant qu’elles ont faonné ; et pour ce prent on pou d’ourses qui soient prainhs[1], et les ours masles demuerent aussi dedans les cavernes xl jours sanz

  1. Prainhs, pleines, pregnans. Quoique ce mot ne se trouve plus dans nos dictionnaires, il a encore été employé par des auteurs du 18e siècle. On lit dans Pothier, Traité des Cheptels, section 2, art. 3, no 74 : « Le bailleur étant toujours sensé, par ce contrat, se réserver le profit des veaux, le preneur est tenu de mener la vache au taureau pour l’empreigner lorsqu’elle est en chaleur. »