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mesme, espiciaument s’ils sont juenes lièvres qui ne ayent passé demy an.

On cognoist, au dehors de la jambe devant du lièvre, quant elle a passé un an. Si fet on du chien, si fet on du renart, si fet on du lou, à un petit os qu’ils ont en l’os qui est près des ners, où il a une cave entre deux. Aucune fois quant levriers les courrent ou chiens les chassent, elles se boutent dessoubz terre einsi comme un connil, ou en caves des arbres, ou passent bien une grant rivière. Les uns lièvres chiens ne chassent mie si bien comme font les autres, par quatre raysons. L’une, quant lièvres sont engendrés de nature de connins comme sont ès garènes : chiens n’en assentent point si bien ; l’autre, lièvres, de leur nature, portent d’assentement les unes plus que les autres, et pour ce les chiens assentent mieulx des unes que des autres ; einsi comme une rose a plus de flairour que une autre, combien que toutes soient rouses. L’autre, aucunes font fuyes que chiens chassent touzjours après tout droit ; les autres vont riotans, tournians et demourant dont les chiens s’outrent[1] et les faillent plus souvent. L’autre si est selon le païs par où elles fuyent ; quar si elles fuyent le couvert[2], chiens en assentiront mieuls que si elles fuyent la champainhe ou le chemin, pour ce que elles touchent de tout le corps ès erbes ou[3] païs fort. Et quant elles vont les voyes ou les champainhes, elles n’y touchent que du pié, dont les chiens ne pevent pas tant assentir. Et aussi di je que un pays est plus douls et plus aimables pour assentir que n’est un autre.

  1. S’outrent, passent outre. Dans Vérard il y a sentiront. C’est un contre-sens évident. Dans le manuscrit de la Bibliothèque Mazarine, ce passage est omis.
  2. Si elles fuyent le couvert… si elles fuyent la champainhe ; si elles fuient par le couvert… si elles fuient par la campagne. Voyez la note 1re, page 19.
  3. Ou est mis ici pour au. Nous avons déjà rencontré cette manière de parler, qui est assez commune dans les écrits de cette époque.