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pour toute la Langue-d’Oc. L’administration de Gaston commença sous de funestes auspices. Une horrible peste vint désoler le pays. « Item en cel an mcccxlviii, dit la Chronique de Saint-Denis, fut une mortalité de gent en Provence et en la Languedoc, venue des parties de Lombardie et d’outre-mer si très grant qu’il n’y demuera pas la vie partie du peuple et dura en ces parties de la Languedoc, qui sont du royaume de France par viii mois et plus… »

Néanmoins, le jeune comte de Foix se montra digne des hautes fonctions qui lui étaient confiées. Il avait été investi des pouvoirs les plus étendus, quoiqu’il n’eût encore que seize ans et que, par conséquent, il n’atteignît pas encore la majorité légale pour gérer ses propres États. À cet égard, il ne fut émancipé que deux années plus tard, à l’époque de son mariage.

Par une convention conclue entre son père et En-Jayme, roi de Majorque, le 10 février 1339, il avait été arrêté qu’il épouserait la fille de ce souverain ; mais En-Jayme était fugitif, dépouillé de ses États ; on chercha donc pour Gaston une autre compagne. Le 5 mai 1349, il fut fiancé avec Agnès, fille de Jeanne de France et de Philippe le Noble de Navarre. Le 4 août de la même année, le mariage fut célébré à Paris, au Temple. À cette occasion, le roi de France lui donna une dispense pour gérer lui-même ses domaines. Cette union, en lui procurant à la fois l’alliance de la France et celle de la Navarre, semblait devoir assurer la tranquillité de ses États. En réalité, elle fut pour lui une source d’inquiétudes, de chagrins et de malheurs. Agnès avait pour frère le roi de Navarre, Charles le Mauvais, et Gaston eut nécessairement sa part des maux causés par ce prince turbulent et perfide.

Charles de la Cerda, connétable de France, fut une des premières victimes immolées aux passions ambitieuses du roi de Navarre. Celui-ci voulait que le comté d’Angoulême fût compris dans la dot de sa femme, fille du roi Jean. L’Angoumois ayant été donné au connétable, Charles le Mauvais, pour se