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comme trois bœufs, au lieu de se figurer la ligne qui les traverse comme le timon, est d’après l’ingénieuse remarque de Grimm, celle qu’on est porté à regarder comme la plus primitive.

Cette idée de trois bœufs rappelle une dénomination latine, usitée à côté de plaustrum et de temo, et qui semble aller plus foin encore dans la même voie : je veux parler de septemtriones. Tout le monde a jusqu’à présent adopté l’explication de Varron, d’après lequel ce nom désigne sept bœufs de labour. Seulement Preller pense qu’on appelait triones, pour teriones, de terere, les bœufs occupés à battre le blé dans l’aire9, et il a fort ingénieusement rapproché ce mot d’une croyance rapportée par Grimm. On sait que la Grande-Ourse prend dans le ciel différentes positions10, de manière que les trois étoiles ε ζ η se trouvent dirigées, dans des sens différents ; aussi dit-on en Suisse que le chariot se retourne à minuit avec un grand bruit11, et c’est une superstition qui se retrouve dans beaucoup d’endroits. Preller suppose que c’est ce qui a fait choisir pour les placer au ciel, des triones qui font le tour de l’aire, au lieu de simples bœufs (R. M., p. 290). Mais tout récemment M. Max Müller