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retrouvent d’habitude, ou identiques ou analogues, chez la plupart des peuples qui composent la grande famille à laquelle nous appartenons. Pour nous en tenir à cette constellation splendide dont la forme presque régulière frappe tout d’abord les yeux qui se lèvent au ciel par une belle nuit, nous trouvons chez différents peuples indo-européens, avec quelques variantes, une même manière de se la représenter. Je ne parle pas ici du nom d’Ourse (Ἆρκτος) qui, comme l’a fort bien montré M. Max Müller, repose sur une simple erreur étymologique et veut proprement dire « étoile »3 : il est clair qu’il n’a aucun rapport avec la forme de la constellation, et Grimm conjecturait en vain, pour expliquer ce nom bizarre, que les trois étoiles supérieures avaient d’abord rappelé l’image de la queue d’un ours, et qu’on avait alors donné à l’ensemble le nom de l’animal, sans y regarder de trop près pour la ressemblance du corps. La représentation habituelle qu’on s’est faite de la Grande-Ourse a été celle d’un char4, et ce nom, qui remonte à une si haute antiquité, nous indique assez bien quelle pouvait être la plus antique forme du char. Les quatre roues, qui sont presque placées aux quatre angles d’un carré parfait, nous font penser à ces grands tombereaux,