Page:Gasquet - Les Chants séculaires, 1903.djvu/201

Cette page n’a pas encore été corrigée

O soir unique… Après cette chaude journée, Nous regardions, penchés au vieux balcon de fer, Au pied de la terrasse à moitié ruinée, La ténébreuse mer, à travers les pins noirs, Luire parfois… Aïeule, ô Méditerranée, Comme on comprend ta voix dans la paix des longs soirs ! Durant toute une nuit nos âmes t’entendirent.

La lune vint, la mer, les gouffres resplendirent. Un navire passa dans la pleine clarté. Nous crûmes un moment qu’au bord flottant des îles Diane, cœur épars de cette nuit d’été, Couchait sur les flots blancs son corps ressuscité. Les rossignols, perdus dans les noires charmilles, Mettaient parfois au cœur des grands arbres tranquilles Comme au fond de nos cœurs un amoureux frisson. Les astres, lentement, enchaînaient ta raison A la beauté du ciel, de la nuit et des vagues. Large et pleine, la lune éblouissait l’éther Et dans l’ombre faisait étinceler tes bagues…

Notre enfant sera doux et fort comme la mer.