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LES CHANTS DE LA FORÊT


XV


Dans ta sève insultée, ô doux arbre d’amour,
Tu fleurie tristement en ceux qui te dédaignent,
Et c’est un dieu pourtant sous tes feuilles qui saigne.
J’ai peur d’avoir blessé ce dieu tendre, à mon tour.

La pensive forêt que le soleil caresse
D’un œil mélancolique où hésite un regret
M’accueille, sans me voir, dans sa verte détresse.
Le doux arbre d’amour n’est pas dans la forêt.

Il n’est pas dans les parcs pleins d’odeurs lumineuses.
Les lunaires jardins au bleu fourmillement
Cherchent en vain son ombre en leurs ombres heureuses…
Il pousse dans les cœurs qui pleurent tendrement.