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LES CHANTS DE LA FORÊT


XIV


Ô Daphné, j’ai senti battre ton cœur vivant.
Les arbres caressés par le soleil levant
Écartent pour te voir leur long voile de brume.
La source te sourit, le matin te parfume,
Et ton sang déchiré refleurit doucement.
Tu hésites, mais moi, c’est le divin moment
Où, sanglot du laurier, dans mes bras je t’accueille.
Ô mon amour, c’est toi, qui mets ta main de feuille
Sur mes yeux repentants et mon cœur ruiné.
Je rêvais autrefois de mourir couronné
Et d’avoir près de moi, sur ma couche de gloire,
Les Muses pour pleurer, pour chanter, la Victoire.
Je ne connaissais pas les douceurs de l’amour.
Chaque aube, maintenant, implorant ton retour,