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LES POÈTES FRANÇAIS


VII

L’âme de la forêt est faite de silence,
D’extases de parfums et d’extases d’oiseaux.
Un psaume apitoyé de sourde pénitence
Monte de l’herbe chaude et des pensives eaux.

J’entends confusément mon cœur ému se plaindre
Avec tout ce qui souffre au cœur de la forêt…
Le lierre m’étouffait que je croyais étreindre ;
Sous l’orgueil déchiré quel tronc grave apparaît !

Sur la mare embrumée où traînent les feuillages
Un visage se penche au mien presque pareil,
Un visage entrevu, monté du fond des âges,
Mais fait de charité, de calme et de soleil.

C’est l’amer Repentir qui, le doigt sur La bouche,
Me regarde et me dit : « Ta dureté n’est plus.
Vois comme la langueur du monde qui te touche
D’un miel spirituel emplit tes sens confus.