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LES CHANTS DE LA FORÊT


IV

Sous les bois, que la lune a peuplés de colombes,
La nuit s’est endormie, un vague amour se meurt…
Âme, mon âme tu succombes
Sous le doux poids de ta douleur.

Le vitrail enchâssé dans les plus hautes branches
Ouvre un ciel angélique à tous ces blancs soupirs…
Que vous veulent ces formes blanches.
Ô mes pauvres, pauvres désirs ?

Quand monte et s’élargit l’aurore de la lune
Les bois agenouillés pâlissent de ferveur…
Il n’est pas de pire infortune
Que d’aimer sans avoir de cœur.

Les trésors gaspillés de notre intelligence
Passeront, plus perdus qu’un soupir dans les bois…
Silence, mon enfant, silence !
La pâle lune joint nos doigts.