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Déjà les sacs de blés ruissellent des échines
Sur les grands tapis d’or des quais ensoleillés,
Et les rouges brasiers, sous les mâts réveillés,
Enveloppent d’encens l’autel noir des machines.

Tout le ciel a lavé ses vitraux printaniers.
L’adieu des trains répond au cri blanc des navires,
Et dans les verts marchés pleins d’appels et de rires
Les légumes gonflés débordent des paniers.

Je m’en vais au hasard sous la lumière crue
Qui tapisse les murs d’écharpes de satin
Car la ville en sueur mêle dans le matin
Le tumulte du port aux gloires de la rue.

Tous mes frères sont là, déguenillés, joyeux,
Ils poussent la varlope, ils martèlent l’enclume,
Et de maigres commis ouvrent d’un trait de plume
Une route aux vaisseaux sur des plans merveilleux.