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Comme un jour plus suave au ciel la nuit s’azure.
Dans la paix qui descend sur toute la nature,
A moitié consolé de la mort du soleil,
Il se sent attendri par son premier sommeil.
Et tombant, assoupi, contre la terre sombre,
L’Aïeul , autour de lui , n’entend plus marcher l'ombre .

Il dort. Dans la fraîcheur sereine des ruisseaux
Traînent les lourds pollens qui font rêver les eaux.
Tout est silencieux et pourtant tout soupire.
Et comme rêve Adam, comme son cœur respire.
L’haleine de la nuit erre dans la forêt.
Les monts flottent là-bas si légers, qu’on dirait,
Tant le silence ému se penche sur les choses
Et tant l'air du jardin hésite autour des roses,
Que le monde enchanté ne s’éveillera plus.
L’Homme dort. L’herbe épaisse adore ses pieds nus.
L’arbre veille sur lui, les buissons le parfument,
Et les daims accourus, dont les fins naseaux fument,
Le caressent dans l’ombre et lui lèchent les mains.
Toute la nuit fourmille avec des yeux humains.