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Où vont-ils, où vont-ils, tous ces pas que j’ignore,
Tous ces frères perdus que je voudrais aimer,
Vers quel jour montent-ils, vers quelle humaine aurore,
De quels sillons partis, rués vers quel sommet ?

Ils montent dans la nuit, les voici, leurs poitrines
Me frôlent, je devine en passant leurs métiers.
Ils vont, l'âme brûlée aux baisers des machines.
L'éclair des pics répond au fouet des charretiers.

Les bouchers puent le sang, les faucheurs sentent l’herbe,
Et l'odeur du charbon noircit les cheminots.
Mais qu’ils trament du fer, qu’ils ploient sous une gerbe,
Tous ont le même espoir et les mêmes sanglots.