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Fronts trempés de sueurs, rudes faces paisibles,
Rudes consolateurs attachés à mes pas,
Compagnons douloureux aux autres invisibles,
Je vous parle… Pourquoi ne répondez-vous pas ?

Voyez pourtant… Jamais si calme paysage
Ne s’est ainsi couché devant vos yeux meurtris.
Ce ciel a la beauté pensive d’un visage…
Où m’a conduit ce vent ? Que me veut ce pays ?

Une ville, à nos pieds, un port constellé fume..
Une écume de toits, un noir bourdonnement..
Sur la mer qui s’éteint un feu-tournant s’allume,
La plaine à l’horizon disparaît lentement.

Où suis-je ? Un pont moussu tend vers moi sa vieille arche,
Et par tous les vallons, du fond des pins, voici
Que, pesantes rumeurs de quelque peuple en marche,
Montent des pas confus sous le ciel obscurci.