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Sans me répondre il prend les longs plis de sa robe
Entre ses doigts saignants d’écarlates bijoux…
Je n’ose pas toucher ce flanc qu’il me dérobe,
Et je me sens les mains tremblantes d’un époux.

Ses pieds, ses beaux pieds nus ont foulé des rosées
Que ne connaissent point nos pieds à nous… L’odeur,
La brusque et verte odeur des feuilles écrasées
D’un chemin forestier m’ouvre la profondeur.

C’est donc de la forêt qu’il arrive… Il m’entraîne,
Il fuit, il me fait signe, il me sourit de loin.
Et sur mon cœur désert une volupté traîne,
 Un rayon tremble sur mon poing.

Comme il était venu, tu repartis. Je t’aime,
Bel enfant égaré qui ne reviendras plus,
Fuyant comme un baiser, pervers comme un poème,
Et pourtant ingénu.