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Emplis tes yeux du jour sacré de ce pays,
Regarde… plénitude heureuse, calme immense,
Les champs, pleins de lauriers, les ruisseaux, pleins de lys,
S’étendent à tes pieds dans un divin silence
Qu’écoutent avec nous les ancêtres défunts.
Ils sont heureux… en toi leur race recommence.
La plaine dans tes bras jette un flot de parfums,
Ô mère, dans tes yeux la lumière commence,
Et je suis là, j’attends, tout mon cœur fait silence
Pour écouter le cri que va pousser ton cœur.


Tu jetteras le cri douloureux de la bête,
Souffrant de ta souffrance, heureux de ton bonheur.
Tu laisseras mes mains étancher ta sueur.
Ô Résurrection ! Éveil ! Le monde en fête
Tournera devant toi, roulera dans ta tête,
Ton ventre s’ouvrira, tu verras Dieu grandir,
Tu verras dans mes mains notre enfant resplendir,
Et la vie à grands flots battra ta chair meurtrie.


Ruisseaux, rochers, lauriers, arbres épanouis,
Ô maison du bonheur, terre de la patrie,
Emplis tes yeux de la beauté de ce pays.