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« Ah ! le monde est semblable à l’homme, m’as-tu dit. »
Et je t’ai répondu : « L’amour est le seul maître.
Pour te bénir le ciel se penche, il resplendit
Immense, tout entier courbé vers la fenêtre,
Chaque matin, quand lasse encore, à ton réveil.
Tu laisses, tout pesant de ce dieu qui va naître,
Mûrir ton ventre heureux aux baisers du soleil. »


« La terre, m’as-tu dit, est pareille à ma joie.
Mon sang est plein du fils que le ciel nous envoie.
Au devant de ce fils tout mon cœur s’est jeté.
Ô sol sacré, je sais pour quel dieu tu travailles,
Je sais par quel amour le monde est emporté.
Rien ne meurt, tout retourne à l’unique clarté.
Un nouvel univers naît de nos funérailles.
Ô terre, qu’il est beau le fruit de nos entrailles,
Parfume de tes dons tout mon corps plein de toi
Comme les pins fleuris embaument notre toit. »


J’ai répondu : « La race attend. Ta chair est prête.
Le ciel devant tes yeux chaque jour s’agrandit,
Tu sens peser le monde au-dessus de ta tête, »

 
« Un enfant est plus lourd que le ciel, m’as-tu dit. »