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Lorsque les amandiers en fleurs, comme un poème.
Embaumaient ce vallon solitaire, tu vins
Et me tendis, ainsi qu’un nuptial emblème,
Une branche arrachée aux beaux arbres divins.
« Ô mon cœur, me dis-tu, prends, je serai fidèle.
Un soir illuminé couronne ces ravins,
Cette terre nous voit, nous nous souviendrons d’elle.
Tu portes dans ton âme un être aux yeux humains,
Ô mystère ! c’est lui qui vient d’unir nos mains.
Viens. Il boira ma vie. Il sera de ta race. »
Les arbres s’endormaient caressés par le soir,
Les blancs coteaux voyaient monter la lune lasse.
« Ô mon maître… » Déjà l’ombre noyait ta face,
Je sentais la rougeur de ton front sans la voir.
« Ô doux maître, mon cœur plein d’un immense espoir
N’attend que le baiser qui pâme et sanctifie.
Les arbres sont en fleur : que ma chair fructifie…
Ah ! regarde, l’amour a défait mes cheveux,
Ils sont à toi… »

Ils sont à toi… » Doux cœur, ce vallon est le même.
C’est le printemps encor, les arbres sont heureux,
Mais toi, tes flancs sont lourds et ton visage est blême.