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du ciel pour être doté de l’amour de deux femmes pareilles, votre mère et votre fiancée !

Célandine partit. Le château devint triste lorsqu’elle n’y fut plus. Madame Rochdale disait qu’elle ne s’étonnait pas que son fils fût souvent absent, c’était bien naturel. Mais elle ne disait cela qu’à moi, avec d’autres elle ne remarquait jamais ses absences.

Ces absences continuaient, se prolongeaient, Chez la plupart des jeunes gens, on n’y aurait pas fait attention ; mais Samuel aimait tant sa mère qu’il avait été rare jusque-là, dans sa vie, qu’il passât ses soirées loin d’elle. Maintenant, pendant les nuits orageuses de mars, dans les doux crépuscules d’avril, pendant les clairs de lune de mai, madame Rochdale restait seule dans le grand salon où l’année précédente ils étaient si heureux à eux trois.

Elle restait là, grave et calme, lisant ou tricotant, disant, quand elle disait quelque chose, qu’il était naturel que son fils s’amusât au dehors.

Un jour je l’entendis qui lui demandait où il avait été ce soir-là.

Il hésita, puis il dit : — Au village, ma mère.

— Encore ! Comme vous aimez vous promener au clair de lune dans le village !

— Croyez-vous ? et il battait ses bottes avec sa