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tache pas de préférence, après sa propre mère, à la femme qui a porté celui qu’elle aime, qui l’a nourri, soigné, qui a souffert pour lui plus qu’aucune autre créature ne peut souffrir, excepté sa femme, encore pas toujours. Il est bien étrange qu’une mère, affectueuse et bonne pour tout ce qui plaît à son fils, pour son cheval ou son chien, n’aime pas, par-dessus tout, la créature qu’il aime le mieux au monde, celle de qui dépendent, sa vie durant, son bonheur, son repos et son honneur. Hélas ! pourquoi faut-il qu’une relation si simple, si naturelle, si sainte, semble si pénible et reste presque sans exemple, même parmi les femmes vertueuses de ce monde ! Mères, femmes, à qui la faute ? Est-ce parce que chacune exige trop pour elle-même, trop peu pour l’autre, parce que l’une oublie qu’elle a été jeune, l’autre qu’elle sera vieille un jour ? Ou bien est-ce que, dans le plus tendre dévoûment des femmes, il reste un grain de jalousie qui leur fait oublier cette vérité aussi profonde en amour qu’en charité : « qu’il vaut mieux donner que recevoir ! » Peut-être une vieille fille comme Marthe Stretton n’a-t-elle pas le droit de discuter cette question. Mais je veux dire une chose, c’est que je puis pardonner beaucoup à une belle-fille qu’on n’aime pas, rien à celle qui n’aime pas.